BIENVENUE EN INCERTITUDE ! Principes d’action pour un monde de surprises
par Philippe SILBERZAHN, NATURA RERUM ÉDITIONS 2018
Philippe SILBERZAHN est professeur à l’EM LYON, spécialisé en stratégie, entrepreneuriat et innovation. Il est l’auteur de « Effectuation » qui a fait l’objet d’une fiche de lecture récente, et a collaboré à « Objectif Innovation » qui a fait l’objet d’un LINK en 2007.
Le constat de l’auteur : nous n’avons pas été capables de prévoir de nombreux évènements dans tous les domaines (la liste est longue), et ce malgré des moyens parfois très importants, avec des conséqu
ences qui peuvent être catastrophiques. Dans un monde de surprises, qui change radicalement et devient de plus en plus incertain, il n’est plus possible de prévoir l’avenir. Et pourtant les outils de décision que nous utilisons n’ont pas changé : ils reposent sur un « paradigme prédictif », datent des années 70 pour la plupart et sont ancrés dans la civilisation de la révolution industrielle née il y a 150 ans.
Que faire alors ? D’abord clarifier notre perception de l’environnement, puis fournir aux décideurs des principes d’action pour appréhender l’incertitude et l’inédit. L’incertitude est vécue négativement alors qu’elle peut être source d’opportunités de croissance future : il faut en changer la perception, d’où le titre : « Bienvenue en incertitude ! ».
La première partie de l’ouvrage, la plus développée, intitulée « l’impasse prédictive » est consacrée d’abord à faire connaître notre environnement : quelle est sa nature, comment évolue-t-il ? C’est en fait un système complexe, non déterministe, où règne l’incertitude, où l’on rencontre des « cygnes noirs » (l’expression est de Nassim Taleb, qui a consacré un ouvrage – « le cygne noir : la puissance de l’imprévisible », Belles Lettres 2008 – à cette notion : un évènement de faible probabilité mais de fort impact). L’auteur passe ensuite en revue les raisons pour lesquelles la prédiction, pierre angulaire des modèles de décision, est ineffective en incertitude (qui est différente du risque qui, lui, peut faire l’objet d’un calcul de probabilité alors qu’en incertitude il n’y pas d’i
nformation objective sur l’environnement). Il décrit ensuite les différentes approches prédictives et leurs limites, et place enfin le décideur dans son environnement.
Dans la deuxième partie, l’auteur pose les principes d’action concrète pour appréhender l’incertitude et l’inédit. Il promeut l’ « action créatrice » qui crée des opportunités, puis présente 4 attitudes possibles face à l’avenir, selon 2 axes :
Il développe les deux plus particulièrement les attitudes face à l’incertitude : l’adaptation (se protéger de l’incertitude) et la transformation (tirer parti de l’incertitude) dans laquelle il introduit le concept d’« effectuation » et il termine en affichant les éléments d’une culture de l’incertitude.
Philippe Silberzahn a encore écrit un livre stimulant, riche en anecdotes et en exemples concrets. La première partie est riche et documentée, dans la seconde partie il ouvre plutôt des pistes qui sont développées dans son autre ouvrage sur l’effectuation.
